Projet professionnel et formation

Quand on parle de projet professionnel, on pense surtout à la reconversion ou l’orientation après les études. Ce qui me ravit à chaque fois que j’aide une personne dans sa démarche : même si son projet professionnel peut être le même que beaucoup d’autres personnes, son cheminement et le résultat seront toujours différents !

Souvent, les personnes accompagnées considèrent que leur projet professionnel est de suivre une formation. Alors, systématiquement, ma réponse est la même : non, la formation n’est pas un projet professionnel !

Pour être parfaitement claire, la formation est en réalité une étape qui permet d’atteindre son objectif professionnel. Ce n’est cependant pas une finalité. Pour illustrer, voici un dialogue que j’ai régulièrement vécu :

– Je ne sais pas quoi faire comme métier alors je vais me former, dit la personne accompagnée.
– Vous former dans quel domaine ? demande l’accompagnant·e .
– Heu…

Ce dialogue est le reflet de la confusion fréquente entre formation et projet professionnel. Alors certes, la formation est déjà en soi une grande aventure (tout comme j’ai pu l’expérimenter moi-même), mais quand même. Ce n’est pas LE projet professionnel FINAL.

Ce qui peut interroger dans ces cas de figure, est plutôt pourquoi la personne ne se projette pas au-delà delà de la formation ? A-t-elle peur de ne pas avoir le contrôle sur la suite des évènements, de ne pas réussir à s’insérer professionnellement ?

Comment préparer son projet professionnel

Dans tous les cas, un projet professionnel ne s’improvise pas si on veut le mener à bien. Préparer son plan d’actions est essentiel. Pour cela, il faut imaginer toutes les étapes nécessaires pour toucher au but final. La formation pourra être l’une des étapes, et pas la plus petite !

En revanche, tous les projets professionnels n’incluent pas forcément une formation. Un salarié qui adore son métier mais ne supporte plus son entreprise pourra envisager de postuler ailleurs sur ce même métier. Une personne qui exerçait un métier auparavant, puis un différent pendant quelques mois et souhaite ensuite revenir au métier d’avant (c’est bon, vous suivez ?), n’en aura pas forcément besoin non plus.

Le plan d’actions permet d’anticiper, bien se préparer et se projeter. Il devra inclure, en plus des étapes, toutes les petites actions à réaliser et des délais atteignables. On est en plein dans le fameux objectif « SMART« . L’objectif professionnel doit en effet être :

  • Spécifique : il doit être suffisamment précis. Ce n’est pas simplement « Je veux changer de métier » par exemple. Cela peut être plutôt « Dans 1 an, j’occuperai un poste de commercial dans une entreprise de moins de 15 personnes, qui respecterait mes valeurs de respect et liberté. » Eh oui, c’est plus long mais nettement plus précis !
  • Mesurable : par quel(s) moyen(s) pourra-ton savoir que l’objectif est atteint ? Des indicateurs doivent être mis en place, aussi bien quantitatifs que qualitatifs. Par exemple : « J’obtiendrai une rémunération de 10 % plus élevée que celle que je perçois aujourd’hui. »
  • Atteignable : si l’objectif n’est pas atteignable, il restera juste un doux rêve à la place… L’objectif doit être à la mesure des capacités (qu’on peut contrôler) et ressources + les contraintes extérieures (sur lesquelles on n’a pas ou peu de prise).
  • Réaliste : assez proche de la notion ci-dessus. L’objectif doit tenir compte des contraintes personnelles de la personne, ses valeurs et envies, ses compétences et le marché du travail. En supplément, on se questionne aussi sur la pertinence de l’objectif.
  • Temporel : un délai est nécessaire pour chaque tâche. Sinon il y a un risque de procrastiner et ne jamais passer à l’action. Là encore, les délais doivent être posés de façon à être atteignables.

L’étape de formation

C’est un gros morceau dans le projet professionnel. Tout d’abord, il faut s’interroger sur l’utilité ou non de suivre une formation. Il faut également envisager plusieurs cas de figure.

Imaginons qu’il soit impossible de suivre une formation à cause de grèves bloquant les établissements, réformes sur la formation ou bien encore crise sanitaire menant à la fermeture de tous les organismes (ce ne sont que des exemples, bien sûr…). Que va-t-il se passer ? La formation sera probablement reportée ou, pire, être annulée. Dans ce cas-là, que faire ? Le projet tombe-t-il à l’eau ? Y a-t-il d’autres possibilités permettant d’atteindre son objectif professionnel ?

Alors réfléchissons bien. La formation est un formidable moyen d’acquérir des connaissances ou les actualiser et c’est une bonne chose de pouvoir le faire à tout moment de sa vie en France.

Toutefois, cette confusion de formation = projet professionnel est un piège. Envisager la formation comme une étape permet justement de plus facilement « passer à la suite », parce que la vie professionnelle ne se résume certainement pas à suivre des formations. À un moment donné, il faut pratiquer en situation réelle !

On peut envisager notamment de vérifier son intérêt pour le métier avant d’intégrer une formation. Pour cela, il y a des moyens simples : les enquêtes métiers (poser des questions à un professionnel afin de mieux connaître son métier), les PMSMP (périodes d’immersion pour voir le métier sur le terrain). Enfin, postuler avant la fin de la formation peut être une bonne option. Cela prépare son entrée sur le marché du travail et évite l’afflux de candidats disponibles en même temps.

La chose la plus importante en fin de compte, est d’envisager toutes les possibilités afin de concrétiser son projet professionnel, puis de faire son plan d’actions avec les étapes à atteindre. Bien sûr il peut y avoir des obstacles sur la route. Mais nous sommes tous capables d’avancer et de rebondir, à condition bien sûr d’avoir identifié ses propres forces 🙂

Alors, avez-vous connu également des personnes pour qui la formation constituait l’intégralité de leur projet professionnel ? Avez-vous vécu cela personnellement ?

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